Les longues files de véhicules et de motos en attente d’être servis constatées ces derniers jours au niveau des stations-services de certaines villes comme Maradi, Dosso et Tahoua mais aussi Zinder ou Diffa, ne sont pas sans rappeler les sombres souvenirs des périodes de pénurie de carburant de l’époque où le Niger n’était pas encore producteur de pétrole. Des situations et des scènes qu’on croyait révolues mais qui ont refait surface ces derniers temps dans plusieurs localités du pays et principalement celle situées pas très loin de la longue de la longue frontière avec le Nigeria. Les stations-services sauvages qui bordent d’habitude les artères de ces grandes villes et autres localités ont subitement vu l’affluence des clients abonnés au carburant fraudé, de piètre qualité certes mais à bon marché, réduite comme peau de chagrin. Désormais, c’est à la pompe, au niveau des stations-services que l’essence ou le gasoil est le moins cher et surtout disponible. Fort heureusement, ces stations-services ont foisonné ces dernières années comme de la mauvaise herbe, une conséquence du nouveau statut de producteur de pétrole du pays qui en plus dispose d’une raffinerie, construite et exploitée avec les entreprises chinoises.
La principale raison de cette situation, c’est la crise de carburant que connait le Nigeria voisin, grand producteur de l’or noir du continent mais aussi principal marché d’importation du carburant fraudé au Niger. Cette crise a, en effet, beaucoup impacté l’importation du carburant fraudé faisant flambée son prix sur les marchés locaux où il régnait jusque-là en maitre en raison de son prix inférieur à celui officiel, en vigueur au niveau des stations-services du pays. Une inflation qui frôle à certains endroits, les 50 à 70% et qui a obligé les consommateurs à tourner vers les stations-services du pays pour s’approvisionner en carburants. Ce qui n’est sans provoquer des pénuries au niveau de certaines stations-services qui ne se sont pas préparer à une telle affluence et en si peu de temps. Il faut dire que malgré l’entrée en service de la Raffinerie de Zinder (SORAZ) depuis un peu moins d’un quart de siècle maintenant ainsi que la fin de la subvention aux carburants décidé par le gouvernement fédéral du Nigeria l’année dernière, le fameux « sogou-sogou » ou « carburant frelaté » avait encore pignon sur roue au Niger et plus particulièrement à l’intérieur du pays où son commerce s’est érigé depuis des années en véritable niche industrielle et socioéconomique.
En dépit des multiples tentatives des différents régimes qui se sont succédés à la tête de l’Etat pour mettre fin à ce fléau, la vente du carburant fraudé au Niger n’a cessé de prendre de l’ampleur et l’essence ou le gasoil frelaté se vendent même à la sauvette et publique sur plusieurs artères de la capitale. La crise au Nigeria est venue changer la donne car le carburant est désormais moins cher à la pompe que dans des bidons jaunes recyclés de 25 L ou de vieilles bouteilles d’alcool de 0,75 et 1L. Une aubaine pour les stations-services et leurs propriétaires mais aussi et surtout pour l’Etat au regard de l’ampleur du manque à gagner que ce commerce illicite de carburant fraudé engendre au Trésor public.
il reste qu’avec cette situation, le débat sur la cherté du carburant au Niger va encore refaire surface puisque depuis le début de l’exploitation des gisements du pétrole au Niger, aucune baisse significative des prix à la pompe n’a été observée par les consommateurs. C’est l’une des raisons qui poussent certains à braver tous les risques et à se tourner vers le marché noir, ce qui du coup handicap l’efficacité de la lutte contre le carburant fraudé d’autant qu’il constitue une véritable activité génératrice de revenus pour de nombreux jeunes chômeurs mais pas que aussi…En attendant l’évolution de la situation, les stations-services et les caisses de l’Etat vont pouvoir continuer à trinquer !