Le Mali a mis fin à ses relations diplomatiques avec l’Ukraine, dimanche 4 août. Bamako accuse Kiev d’avoir joué un rôle dans la lourde défaite de l’armée malienne et de la milice Wagner, fin juillet, dans des combats contre des séparatistes et des djihadistes, dans le nord du pays.
Les séparatistes et les djihadistes ont affirmé avoir tué des dizaines de membres de Wagner et de soldats maliens lors de combats à Tinzaouatène, à la frontière algérienne, dans l’extrême nord-est du pays. L’armée malienne et Wagner avaient reconnu des pertes importantes, sans donner de bilan précis.
Le gouvernement du Mali « a pris connaissance, avec une profonde stupeur, des propos subversifs par lesquels Andriy Yusov, porte-parole de l’agence ukrainienne de renseignement militaire, a avoué l’implication de l’Ukraine dans une attaque lâche, traître et barbare de groupes armés terroristes ayant entraîné la mort d’éléments des Forces de défense et de sécurité maliennes », dénonce Abdoulaye Maïga dans le communiqué.
«Le fait que les rebelles aient reçu les données nécessaires qui leur ont permis de mener à bien une opération contre les criminels de guerre russes, a déjà été observé par le monde entier. Bien entendu, nous ne divulguerons pas les détails. Plus d’informations à venir ici aussi », avait déclaré lundi Andriy Yusov à la télévision ukrainienne. Une vidéo qu’avait relayé l’ambassadeur ukrainien au Sénégal.
Rapprochement avec la Russie
Le gouvernement malien juge que ces actes « violent la souveraineté du Mali, dépassent le cadre de l’ingérence étrangère, et constituent un soutien au terrorisme international».
Il va saisir les autorités judiciaires compétentes, prendre les « mesures nécessaires pour prévenir toute déstabilisation du Mali à partir d’États africains, notamment à partir d’ambassades ukrainiennes installées dans la sous-région, avec des terroristes déguisés en diplomates », a dit Abdoulaye Maïga
Kiev regrette une décision « précipitée » de Bamako
L’Ukraine a regretté lundi la décision « précipitée » du Mali de rompre ses relations diplomatiques avec Kiev, accusé d’être impliqué dans une lourde défaite de l’armée malienne et du groupe paramilitaire russe Wagner fin juillet face à des séparatistes et des jihadistes.
« La décision du gouvernement de transition de la République du Mali de rompre ses relations diplomatiques avec l’Ukraine est à courte vue et précipitée », a fustigé le ministère ukrainien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Après cette défaite fin juillet, où des dizaines de combattants du groupe Wagner et de soldats maliens ont trouvé la mort selon les séparatistes et jihadistes, un responsable du renseignement militaire ukrainien, Andriï Ioussov, avait sous-entendu que Kiev avait fourni des informations aux rebelles pour qu’ils puissent mener à bien leur attaque.
Les autorités maliennes ont accusé M. Ioussov d’avoir ainsi « avoué l’implication de l’Ukraine dans une attaque lâche, traître et barbare », reprochant à Kiev de « soutenir le terrorisme international ».
La diplomatie ukrainienne a elle assuré lundi que l’Ukraine « adhère inconditionnellement aux normes du droit international » et « rejette fermement les accusations du gouvernement transitoire du Mali ».
« Il est regrettable que le gouvernement de transition de la République du Mali ait décidé de rompre ses relations diplomatiques avec l’Ukraine sans procéder à un examen approfondi des faits et circonstances de l’incident survenu dans le nord du Mali », a-t-elle fait valoir.
L’Ukraine « se réserve le droit de prendre toutes les mesures politiques et diplomatiques nécessaires en réponse aux actions inamicales » des autorités maliennes, a-t-elle ajouté.
Dans un communiqué lundi soir, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), que le Mali a quittée en janvier, a exprimé « sa ferme désapprobation et sa ferme condamnation de toute ingérence étrangère dans la région pouvant constituer une menace à la paix et à la sécurité en Afrique de l’Ouest, ainsi que de toute tentative visant à entraîner la région dans les affrontements géopolitiques actuels« .
Elle a dit suivre « avec préoccupation l’évolution de la situation sécuritaire au Mali » et « réitérer sa constante disponibilité en faveur de toute initiative visant à oeuvrer pour la paix, la sécurité et la stabilité dans la sous-région ».
La junte au Mali a rompu depuis 2022 l’alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens, pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie.
source: Midilibre