La Bourse de Tokyo décrochait de nouveau ce lundi matin, dévissant de 12,4% en clôture, à cause notamment d’un mauvais rapport sur l’emploi américain et d’un changement de cap dans la politique monétaire du Japon. Plus largement, les grandes places d’Asie connaissent également un lundi noir.
Après avoir atteint l’un des pires reculs de son histoire vendredi, la Bourse de Tokyo était de nouveau en chute libre ce lundi matin. Dans le détail, l’indice vedette Nikkei 225, qui avait déjà dévissé de 5,8% vendredi, s’est effondré de 12,4% à 31.458,42 points, reculant de quelque 4.400 points sur la séance et battant son précédent record qui remontait au krach boursier d’octobre 1987. L’indice élargi Topix a sombré de 12,23% à 2.227,15 points.
De l’autre côté de la mer du Japon, la Bourse de Séoul (Corée du Sud), perd plus de 8% dans les échanges de l’après-midi. A Taïwan, l’indice Taiex a chuté de 8,43% à 19.813,83 points vers 13h19 (05h19 GMT), le géant des puces TSMC perdant 9,52%, et le KOSPI à Séoul décrochait de 8,09% à 2,459.81 points avec des échanges brièvement suspendus en raison du déclenchement d’un disjoncteur destiné à atténuer la volatilité.
Les Bourses chinoises ont pour leur part ouvert sans direction claire. A Hong Kong, l’indice Hang Seng reculait de 0,04% à 16.939,50 points vers 01H50 GMT (03h50 à Paris). L’indice composite de Shanghai gagnait, lui, 0,30% pour atteindre 2.914 points tandis que celui de Shenzhen grimpait de 0,59% à 1.591.09 points à la même heure.
« Les marchés asiatiques s’apprêtent à vivre une journée difficile, encore sous le choc des bouleversements sismiques survenus vendredi dernier dans le paysage financier mondial », a commenté Stephen Innes de SPI Asset Management.
Le patient japonais
Dans un contexte macroéconomique jugé dégradé, à tort ou à raison, le Japon fait donc office de fer de lance, payant notamment le tassement américain. Les Etats-Unis représentent un marché à l’export important, et la vitalité de la tech américaine sert également de reflet à celle de cette industrie importante dans l’archipel.
Mais Tokyo subit aussi les conséquences de son climat national. La Bank of Japan (BoJ) a relevé ses taux directeurs de façon inattendue mercredi dernier, estimant que l’inflation se maintiendrait à 2% dans les années à venir. Plusieurs conseillers auraient également émis des craintes sur la faiblesse du yen, provoquée par des années de politique monétaire très souple. En pesant sur la consommation -le pouvoir d’achat baisse, notamment sur les produits importés- il ralentirait l’économie nippone.
En remontant ses taux, et en provoquant de ce fait un renforcement de sa monnaie, le Japon a précipité une vente massive par des acteurs étrangers, des actions des entreprises japonaises: un yen plus fort pénalise ces dernières en rendant moins compétitives leurs exportations. Yoshitaka Suda, analyste à Nomura Securities, pointait ainsi dans le quotidien Nikkei Asia « des ventes impressionantes de la part des fonds spéculatifs ». Qui font totalement dévisser des firmes comme Toyota, Honda, Nintendo ou Mitsubishi, toutes autour des 20% de pertes sur une semaine.
C’est le contraste, là encore, qui s’impose, entre les objectifs et les ambitions de la BoJ, réhaussant ses taux en croyant au dynamisme de sa demande et de son économie, et les attentes du marché -entre prises de bénéfices et craintes d’un retournement. Les actions américaines sont notamment jugées plus sûres que les actions japonaises en cas de retournement de conjoncture.