
L’Afrique est confrontée à des défis sécuritaires majeurs qui menacent son développement, sa souveraineté et la stabilité de ses nations. Entre le terrorisme, les ingérences étrangères et les conflits internes, le continent reste vulnérable face à des menaces croissantes. Pourtant, nombreux sont les États africains qui restent sous-équipés, dépendant de puissances étrangères pour assurer leur propre défense. Il est temps que les dirigeants africains prennent conscience d’une vérité incontournable : sans une armée forte et bien équipée, il n’y a ni indépendance réelle, ni paix durable.
1. Une Afrique vulnérable face aux menaces sécuritaires
L’Afrique est le théâtre de multiples conflits armés :
• Le terrorisme sévit au Sahel, en Afrique centrale et en Afrique de l’Est, avec des groupes comme Boko Haram, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ou encore Al-Shabaab en Somalie.
• Les coups d’État militaires sont en recrudescence, illustrant la fragilité institutionnelle de certains États.
• Les interventions étrangères se multiplient sous couvert d’aide militaire ou humanitaire, mais avec des objectifs souvent opaques et dictés par des intérêts extérieurs.
Face à cela, beaucoup de pays africains restent dépendants des forces étrangères (ONU, France, États-Unis, Russie, etc.) pour leur sécurité. Une situation qui expose leurs gouvernements à un chantage permanent et empêche une politique de défense souveraine.
2. Une armée forte, condition essentielle de la souveraineté
Aucun pays ne peut prétendre à une souveraineté totale sans une force militaire capable de défendre son territoire. Les grandes puissances comme les États-Unis, la Chine, la Russie ou la France ont construit leur influence mondiale grâce à une armée puissante et une industrie de défense performante. Pourquoi l’Afrique ne ferait-elle pas de même ?
• Produire ses propres armes : L’Afrique doit développer une industrie de défense locale au lieu de dépendre de l’importation d’armements étrangers. Des pays comme l’Afrique du Sud ou l’Égypte ont déjà commencé à développer leur propre production militaire.
• Moderniser et professionnaliser les forces armées : Cela passe par des investissements dans la formation, l’équipement et le renseignement stratégique.
• Créer des alliances militaires africaines : L’Union Africaine doit aller au-delà des simples déclarations et bâtir une véritable force militaire continentale, capable d’intervenir efficacement en cas de crise.
3. Briser les chaînes de la dépendance militaire
L’une des plus grandes failles de l’Afrique en matière de défense est sa dépendance aux puissances étrangères pour l’achat d’armes et la formation de ses soldats. Cette situation expose le continent à des pressions politiques et à des conditions humiliantes. Un pays qui ne contrôle pas son armement est un pays sous tutelle.
• Interdiction d’acheter certaines armes : Plusieurs pays africains sont soumis à des embargos décidés par l’ONU ou par des puissances occidentales, les privant de certains équipements stratégiques.
• Présence de bases militaires étrangères : De nombreuses nations africaines hébergent des bases étrangères (France, États-Unis, Chine, Turquie, Russie), ce qui limite leur autonomie en matière de défense.
• Dépendance au soutien logistique et au renseignement étranger : Les forces africaines manquent souvent de technologies avancées (drones, satellites, cybersécurité), les rendant vulnérables face à des adversaires mieux équipés.
4. Un impératif pour le développement économique et social
Certains diront que l’Afrique a d’autres priorités que l’armement, notamment la lutte contre la pauvreté, l’éducation ou la santé. Mais la vérité est simple : sans sécurité, il ne peut y avoir de développement durable.
• Les conflits et l’insécurité détruisent les économies locales, empêchant les investissements et le développement des infrastructures.
• Les groupes terroristes et les milices exploitent les ressources naturelles, privant les États de leurs richesses.
• L’absence d’une défense solide rend le continent vulnérable aux nouvelles formes de guerre, notamment cybernétiques et économiques.
Se doter des moyens de sa liberté
Les dirigeants africains doivent comprendre que la souveraineté ne se mendie pas, elle se défend. Il ne s’agit pas d’entrer dans une course à l’armement démesurée, mais de bâtir une défense autonome, stratégique et adaptée aux réalités du continent. L’Afrique ne doit plus être le terrain de jeu des puissances étrangères. Pour cela, elle doit se donner les moyens de sa sécurité et de son indépendance. C’est le prix à payer pour bâtir un continent fort, respecté et capable de tracer son propre destin.
BADIROU LE PANAFRICAIN